Truffée de capteurs par son propriétaire passionné de domotique, la première maison de France entièrement connectée, réagit selon les événements et communique sur sa « vie » via le réseau social twitter.

Deux étages, un garage en désordre, trois enfants qui courent dans le jardin et des gâteaux qui cuisent dans le four : la maison de la famille Spiquel ressemble à beaucoup d’autres. Impossible de deviner qu’elle passe ses jours et ses nuits à tweeter, à Joigny, une petite ville de 10 000 habitants en Bourgogne.

@Hometweethome. Crédit photo: Anaïs Moutot.@Hometweethome. Crédit photo: Anaïs Moutot.

@HomeTweetHome est prolixe : depuis l’ouverture de son compte, le 20 janvier 2013, elle a envoyé plus de 4 000 tweets à ses 248 abonnés. Chaque matin, aux alentours de 6 heures, elle tweete « Caféééééé » pour encourager le père, Bruno Spiquel, à se lever. Quand il sort de la salle de bain, elle le prévient qu’elle aère un peu la pièce parce qu’elle est trop humide. Si « un type tripote la sonnette », la maison envoie toute seule « Ça me fait flipper ! Au secours @KatSpi!! », le compte Twitter de l’épouse. Elle indique aussi que le facteur est passé, qu’il faut sortir la poubelle ou qu’il y a du monde dans le garage.

Compte Twitter d'@HomeTweetHome. Capture d'écran.

Partout dans la maison, des « capteurs de comportements » ont été installés. Ils détectent l’ouverture ou la fermeture des portes et fenêtres, enregistrent les températures intérieure et extérieure, puis transmettent ces données à un serveur situé dans un local technique au sous-sol. La sonnette et la boîte aux lettres sont également connectées. Bientôt, les mouvements, la luminosité et l’humidité seront aussi détectés par d’autres types de capteurs.

Capteur de température dans la cuisine. Crédit photo: Anaïs Moutot.

Arborant un T-shirt « La Quadrature du Net », l’association de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet, dont il fait partie, une cigarette roulée aux lèvres, Bruno Spiquel, 37 ans, est un géant aux allures de Géo Trouvetou, l’inventeur prolifique de choses pas toujours utiles chez Disney. Il dit être tombé dans la marmite de l’informatique dès l’âge de 9 ans.  Spécialiste des réseaux, fondateur de sa propre société de conseil en création et hébergement de sites, il a conçu l’infrastructure du dispositif tout en retapant sa maison, il y a deux ans. Son épouse, Catherine, n’a eu qu’une requête : que les fils reliant les capteurs au serveur ne soient pas apparents. Il a donc construit un second mur autour de la maison afin d’y enserrer 3,5 kilomètres de câbles.

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La salle technique du sous-sol. Crédit photo: Anaïs Moutot.La salle technique du sous-sol. Crédit photo: Anaïs Moutot.

Mode de vie automatisé

Bruno Spiquel dit avoir eu envie de « relever un défi technologique », tout en étant guidé par par « un brin de conscience écologique ». Aux Etats-Unis, quelques technophiles ont déjà fait tweeter leurs maisons, mais en France, @HomeTweetHome est la première. L’objectif déclaré est d’« analyser comment fonctionne la maison pour anticiper son mode de vie et la rendre efficace ».  La maison doit être capable de se poser des questions comme « quel est le temps optimal d’aération de la salle de bain pour évacuer l’humidité sans perdre trop de chaleur ? » et d’y répondre toute seule.

Dans ce dispositif, tout peut être réglé au degré Celsius près : à 6 h 30 du matin, il doit faire 19 °C dans la chambre des parents, 18 °C à 9 heures, puis 19° C à nouveau à 22 heures, mais 20 °C à 20 heures dans la chambre des enfants, car ils se couchent plus tôt.  Les volets, eux, se ferment automatiquement si quelqu’un éteint la lumière dans le salon à partir de 22 heures.

Ce mode de vie automatisé comporte une part de souplesse. La maison peut être pilotée à distance, de Paris ou New York, à toute heure du jour ou de la nuit, grâce à une application pour smartphone. Le couple Spiquel peut décider qu’il fera 30 °C dans une pièce ou éteindre sous la couette les lumières qu’ils ont laissées allumées dans le salon… « C’est aussi un dispositif pour flemmards », admettent-ils. Ils le voient comme « très pratique », alors que les grand-parents le considèrent comme «très compliqué »« Ma mère a peur de venir ici s’occuper des enfants, elle demande où est le mode d’emploi », ironise Bruno Spiquel.

L'application qui permet de gérer les paramètres de la maison. Crédit photo: Anaïs Moutot.

Jusqu’où aller dans l’intimité ?

Bruno Spiquel a conscience que « cette culture pourrait s’apparenter à du flicage ». Il assume d’être perpétuellement géolocalisé dans la colonne de droite de son application et de rendre toutes ces données privées accessibles à tous sur Twitter.« Je veux que les gens se questionnent sur ce qu’ils donnent à voir de leur vie privée sur Internet avec la domotique. Je ne montre qu’une toute petite partie des données enregistrées et ça fait déjà flipper les gens », assure-t-il.

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Bruno Spiquel, créateur de @Hometweethome. Crédit photo: Anaïs Moutot.

Bruno Spiquel affirme que son infrastructure protège mieux ses données personnelles que la majorité des équipements de domotique, qui  fonctionnent grâce à une box connectée à un serveur extérieur via le Wi-Fi. Celui qui pirate ce serveur pourrait avoir accès aux données de milliers de foyers, met en garde Bruno Spiquel, qui prend l’exemple des serrures électroniques« En s’emparant du serveur qui gère toutes ces serrures, le pirate peut pénétrer chez tout un tas de gens », dit-il. Chez lui, l’interception des données est rendue plus difficile par le choix d’une infrastructure classique avec des fils et la création d’un serveur pour une seule maison. « Mes données ne finissent pas dans le cloud, je reste maître de ce que je partage sur le réseau », estime-t-il.

C’est lui qui décide ce qui est twittable ou non, et donc jusqu’où peut aller l’intrusion dans l’intimité. Au début de l’expérience, un tweet partait chaque fois que la lumière des toilettes s’allumait… Sa femme lui a demandé de désactiver cette fonction. Bruno Spiquel s’est aussi refusé à installer des caméras, à cause de ses enfants, « encore trop petits pour protester ». Et quand ils deviendront adolescents ? Il sourit : « J’espère bien qu’ils pirateront la maison. Le dispositif reste ouvert et modifiable à tout moment ».

source : Anaïs Moutot (Monde Académie)

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